À propos du dossier « TransRUN / RER neuchâtelois »
Monsieur Clottu,
Je me permets de revenir vers vous alors que vous reprenez un rôle public actif dans le canton de Neuchâtel, en qualité de président de la section cantonale de l’Union Démocratique du Centre (UDC). Votre engagement politique est légitime et mérite qu’on interroge aussi certaines responsabilités passées.
En 2012, le projet de réseau express régional entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds, à travers le tracé rapide dit « TransRUN », a été soumis au vote populaire. Le non l’a emporté [1].
Vous avez publiquement exprimé vos réserves sur ce projet, notamment en déclarant :
« On n’est pas contre le RER, mais contre ce tube. » [2]
Ce que l’on observe, c’est qu’à l’époque — selon les enquêtes de la presse — un « plan B » était évoqué du côté des opposants au projet, mais jamais réellement dévoilé ni présenté de façon transparente.
« Plan B, ni lui ni M. Perrin ne l’ont dévoilé… » [3]
Par ailleurs, en 2014, le gouvernement cantonal reconnaissait explicitement qu’il n’existait pas de plan B pour le dossier RER après l’échec du TransRUN. [4]
La réalité financière aujourd’hui
Entre-temps, la réalité financière parle d’elle-même. Le projet TransRUN était devisé à 830 millions de francs. Depuis son abandon, près de 400 millions ont déjà été dépensés pour moderniser — tant bien que mal — la ligne de 1860, qui reste lente et inadaptée aux besoins actuels. Et il est prévu d’y investir encore environ 400 millions supplémentaires dans les années à venir.
Quant au nouveau projet, censé représenter ce fameux plan B, il est désormais estimé à plus d’un milliard de francs. Autrement dit, si le canton avait voté oui en 2012, nous aurions aujourd’hui un RER moderne et efficace pour 830 millions, au lieu d’un total approchant deux milliards de francs pour un résultat moins ambitieux.
Les questions qui demeurent
Mon constat est donc le suivant : vous vous êtes opposé à un projet majeur de mobilité cantonal sans qu’on voie de contre-proposition crédible et documentée — ou du moins non rendue publique — que vous ou vos alliés vous soyez engagés à promouvoir. Cela soulève une question de responsabilité politique.
Je vous invite, par la présente, à vous exprimer clairement sur les points suivants :
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Quel plan alternatif proposiez-vous alors que vous vous opposiez au projet TransRUN / RER ?
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Pourquoi ce plan n’a-t-il pas été rendu public ou soumis à débat à l’époque ?
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En reprenant aujourd’hui un rôle de premier plan dans la vie politique cantonale, êtes-vous prêt à clarifier votre position sur la mobilité dans le canton (ferroviaire, transports publics, desserte régionale, etc.) et à proposer un plan concret ?
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Plus largement, comment entendez-vous assumer, devant les électeurs et citoyennes du canton, les conséquences de ce non-projet — notamment en matière d’urgence à agir sur la ligne Neuchâtel–La Chaux-de-Fonds, de saturation prévue et d’investissement public ? [5]
Je pense que vos réponses peuvent être précieuses pour éclairer le débat et renforcer la confiance envers votre action publique.
Je vous remercie par avance de l’attention que vous porterez à ce courrier, et je vous prie d’agréer, Monsieur Clottu, mes salutations distinguées.
Références:
[1] RTS – Le TransRUN enterré par une courte majorité des Neuchâtelois
[2] Vivre la Ville, Ville de Neuchâtel, 2012
[4] Swissinfo
[5] Swissinfo